Lily-Rose est mordue de livres depuis toujours. Alors que les vacances d’été débutent à peine, elle se précipite avec gourmandise à la bibliothèque du quartier. Le toucher du papier, l’odeur des vieilles pages et la mécanique des mots, c’est ce qui l’anime. Cependant, un jour, elle est captivée par autre chose : la présence d’un jeune homme élégant, qui sillonne les rayons de la littérature fantastique avec intérêt. Il a ces grandes prunelles émeraude, qui semblent raconter mille histoires et cette beauté singulière, rencontrée nulle part ailleurs.
Les garçons n’ont jamais été un centre d’intérêt pour elle, mais elle devait avouer que cette fois-ci, cet inconnu avait fait tomber toutes ses défenses. Au fil de ses escapades à la bibliothèque, elle l’observe avec fascination. D’ailleurs, c’est plus fort qu’elle, elle échafaude dans son esprit assailli de fantasmes une manière d’entrer en contact avec lui. Un jour, elle fait volontairement tomber son stylo sur le sol alors qu’il est à proximité, mais il ne le ramasse pas. Un autre jour, elle opte pour la pièce la plus sublime de sa garde-robe : une merveilleuse tenue blanche à pois rouges, mais il ne la regarde pas.
Alors, un matin, après avoir rassemblé toute son audace, elle décide de se glisser dans le même rayon que lui et, le cœur aux bords des lèvres, lui demande si le livre qu’il tient est intéressant, car elle projette de le lire. Il semble être foudroyé par elle, la fixe intensément, et finit par lui dire que oui, l’air surpris par cette interaction. Après quelques mots mal agencés, il l'interroge sur sa fréquentation des lieux. Elle lui explique que la bibliothèque est son second foyer car lire et écrire sont ses raisons d’exister. Il s’exalte, se délecte de cette information : lui aussi est habité par les mêmes passions. Il lui dit avec douceur que son prénom « Lily-Rose » sonne comme un poème d’été, garni de fleurs et de fragrances sucrées. Elle devient rubescente et s’émerveille à son tour du prénom du jeune homme, empreint d’une élégance intemporelle : Anselme.
Ils vont alors discuter avec un intérêt non dissimulé l’un pour l’autre, vont se trouver des goûts communs jusqu’au jour où Lily-Rose a une idée : pourquoi ne pas écrire à quatre mains ? Il accepte avec joie. Ils démarrent alors leur aventure autour des mots et c’est toujours elle qui rédige. Lorsqu’elle lui demande pourquoi il n’écrit pas, il répond qu’il préfère mille fois l’écriture de Lily-Rose à la sienne : le raffinement de ses « L », les ponts charmants et réguliers de ses « M ». Lily-Rose le trouve passionnant, tellement différent des autres garçons de son âge. Alors, maladroitement, sur un morceau de papier, elle lui confesse ses sentiments naissants avec un haïku :
« Entre les pétales,
Doux mots murmurés,
Cœur danse en silence. »
Anselme est délicieusement troublé, mais ravi, car il sent en lui les mêmes étincelles s’agiter. Il lui dit qu’il a envie de répondre avec un haïku digne de ce nom et qu’il le fera le lendemain.
Mais le jour suivant, il n’est pas à la bibliothèque. Lily-Rose demande à la responsable des lieux si elle ne l’a pas aperçu, mais celle-ci répond que non, ajoutant qu'elle n’a jamais vu le jeune homme qu’elle décrit. Lily-Rose espère trouver son numéro de portable, sur sa fiche de renseignement. Bien que cette donnée soit strictement confidentielle, la bibliothécaire est touchée par l’urgence dans la voix de l’adolescente amoureuse et commence à chercher le précieux document dans la base numérique. Rien. Il semble n’être jamais venu. Lily-Rose est dans l’incompréhension totale en rentrant chez elle.
Au crépuscule, elle a le cœur gros comme une pierre, mais doit néanmoins aller dîner chez Claire, la meilleure amie de sa mère. Elles ne se sont pas vues depuis des années ! Le repas se déroule dans une ambiance chaleureuse, mais Claire porte tout de même en elle, ce soir, une tristesse indélébile : en prenant l’album familial, elle montre à Lily-Rose et sa mère la photographie du nourrisson qu’elle a perdu dix-sept ans plus tôt, jour pour jour.
« Je l’avais appelé Anselme… »
Pétrifiée, Lily-Rose semble confrontée à l’impossible, à l’indicible. Alors que Claire tourne les pages suivantes, un morceau de papier ancien tombe au sol, aux pieds de l’adolescente. Il est inscrit, en lettres soigneusement tracées :
Récit tendre et troublant, Lily rose contacte l indicible douleur de cette femme, Lily rose parle avec les morts et fait renaître dans cette rencontre un un espoir perdu. La vie est un mystère que contacte parfois certaines personnes .
Magnifique nouvelle! Je ne m'attendais pas à une telle fin et je suis touchèe d'avoir pu lire son Haiku à lui aussi!
Très bien écrit, bravo
Récit tendre et troublant, Lily rose contacte l indicible douleur de cette femme, Lily rose parle avec les morts et fait renaître dans cette rencontre un un espoir perdu. La vie est un mystère que contacte parfois certaines personnes .
Un triste et joli conte.
Woua! Magnifique et très tendre Quelle douce histoire tel un petal qui se pose et réveille votre joue au vue de démarrer une belle journée !